Le quotidien La Provence n’imaginait pas qu’en publiant un simple article informatif sur l’arnaque à la taxe carbone il se retrouverait cloué au pilori de l’antisémitisme le plus vil. Bon, en même temps, titrer « Arnaque au CO2, la vie dorée des Marseillais réfugiés en Israël », ça peut rappeler à certains les heures les plus sombres de Je suis partout, l’hebdo qui a curieusement arrêté de paraître en août 1944. Mais nous sommes à Marseille, il fait beau, un peu frais (3° la nuit, 10° la journée), ce 6 janvier 2012. Depuis 2008, des petits malins ont trouvé une faille dans la création de la nouvelle place financière européenne qui permet d’acheter et de revendre de la taxe carbone, rebaptisée « droit de polluer ». Pour ça, il faut déjà avoir l’expérience de « l’arnaque à la tèv », comme disent les initiés. C’est la spécialité du Sentier, et plus précisément des « juifs tunes », tunes pour tunisiens, et pas pour argent, même si il est fortement question d’argent.
En deux ans, sur la base de montages complexes, de hautes complicités policières et d’une inexplicable passivité de l’administration française, ces juifs tunes vont éponger entre 1 et 2 milliards à la Caisse des dépôts et consignations, donc à nous. Un vol invisible, mais bien réel. Globalement, si on ajoute les Pakistanais de Londres et autres nationalités expertes en pillage d’État, la fraude approche les 10 milliards d’euros. Nous allons nous concentrer sur nos amis de Paris et à Marseille, car c’est évidemment plus drôle, et plus vendeur : tous les clichés auxquels nos compatriotes juifs essayent d’échapper leur retombent sur la kippa à la puissance 10 avec cette gigantesque arnaque. Le CRIF et la LICRA ont beau menacer La Provence, et la France toute entière, le fait est que les principaux escrocs du marché du carbone sont des juifs français, dont une partie a opportunément émigré en Israël, qui n’extrade pas ses ressortissants, même poursuivis. Il est vrai qu’après avoir été un peu essorés par la mafia locale, ils ont massivement investi à Herzliya, la Côte d’Azur israélienne. En tout et pour tout, sur un minimum de 1,6 milliards évaporés dans les mains d’une centaine d’escrocs, l’État français récupérera 31,8 millions, c’est-à-dire des roupies. Ou des shekels.
Entrez dans la danse de cette amicale confrérie en col blanc, qui passe son temps à monter des coups audacieux, et dont les gains fabuleux leur garantissent une sorte d’impunité chronique. Ils ont les meilleurs avocats au pénal, mais aussi les meilleurs apparts (dans le XVIe), les meilleures bagnoles (allemandes), et les meilleures call-girls. Pas très moral, mais c’est la vérité. Ils sortent de l’espace VIP du PSG, se dirigent vers l’Aviation club de France pour une partie de poker, avant d’attraper de superbes blondes, et de repartir en jet privé vers une destination où mouille un yacht à 12 millions, hors frais (4 millions par an). Cet article est garanti « 100% sans antisémitisme », une norme de qualité curieusement inexistante dans les médias, en attendant le CSA du Net, que nos maîtres nous préparent dans un secret tout à fait relatif.
Tôt le matin, l’encre de l’article avait à peine séché, que les commentaires flambaient sur http://www.jforum.fr/forum/france/article/arnaque-au-co2-la-vie-doree-des/. La vie dorée des Marseillais réfugiés en Israël, le titre, pourtant factuel, ne passe pas. C’est carrément « Shoah sur le Vieux-Port ». À part un intervenant à la morale irréprochable, pour qui il ne doit pas y avoir de préférence en matière d’ethnie escroqueuse, et un autre qui mesure le mal que peut faire non pas un tel article, mais de tels agissements à sa communauté, les autres déchaînent leur rage contre le journaliste, le journal, ou alors disculpent en partie leurs coreligionnaires en chargeant les autres escrocs de l’opération carbone. Dans l’idée que faute partagée est à moitié pardonnée.
Mais sortons de ces affects qui illustrent la difficulté d’une partie de la communauté juive (honnête et pacifique) à reconnaître les erreurs de ses ressortissants les plus caricaturaux (on commence par la taxe carbone et on finit par la Palestine), qui donnent si souvent des leçons aux « mauvais » Français, dont nous sommes, bien malgré nous, et revenons sur le casse du siècle, comme le dit si bien Aline Robert. C’est le titre du livre enquête qu’elle a sorti chez l’éditeur Max Milo en 2012. Une plongée dans un univers complexe, presque parallèle, celui des grands escrocs parfois arrêtés, rarement punis. Non parce que la France serait ultrasioniste dans son fonctionnement judiciaire, mais parce que ces margoulins sont extrêmement bien protégés, et renseignés. Ainsi, les têtes du réseau ont pu éviter à temps les descentes de police (douanes) qui n’ont arrêté que des hommes de paille ou des néo-millionnaires qui se sont un peu trop vantés. La complicité de hauts policiers est évidente, et c’est une des raisons pour lesquelles le commissaire Neyret, numéro 2 de la PJ lyonnaise, est tombé. Les admirateurs du grand flic perdront leurs illusions sur le bonhomme : des mois d’écoutes, des cadeaux en nature (cash, bagnoles, vacances) se révéleront meurtriers pour le roi de la prise antidrogue. L’intérêt second de ce livre, c’est qu’il ouvre des portes sur beaucoup de questions restées sans réponse.
Averti doublement par les services des Douanes et via la Caisse des dépôts, l’État français n’a pas réagi, et s’est laissé piller. Le ministre de l’Économie sous la présidence Sarkozy Christine Lagarde n’a pas considéré à temps les alertes montant de ses services : « Mais la fraude a été nettement plus importante au Royaume-Uni ! », a-t-elle répondu en 2010. Et là, rassurons nos compatriotes, il n’y a pas que des juifs tunes qui ont trempé dans la magouille : les Pakos de Londres, les Géorgiens implantés en Europe, la mafia russe, les Bulgares, la mafia ritale, ainsi que les Gitans de la banlieue sud, tous ces amis de l’humanité ont ramassé de l’or à la pelle. À différents étages de l’arnaque, dans le temps et l’organisation, et avec un bonheur différent. Ceux qui n’aiment pas les voleurs flambeurs seront ravis d’apprendre que certains se sont fait racketter en France, et en Israël. À trop se vanter dans les boîtes de nuit et autour des tables de poker, ils se sont retrouvés saucissonnés, balancés dans des coffres de bagnoles, et restitués contre de lourdes rançons, le ticket moyen tournant autour de 500 000 euros. Le fleuve de fric s’est ainsi épanché en petites rivières…
Pourquoi, aujourd’hui, reparler de cette arnaque ? Des procès ont eu lieu en 2013, quelques gros poissons se sont fait poisser, beaucoup de tocards ont morflé (sachez qu’à Marseille, les Franco-israéliens choisissaient des retraités ou des Arabes limite illettrés pour représenter officiellement, devant les services de l’État et les banques, les sociétés créées uniquement dans le but de disparaître avant de rembourser les fameux 20 % de TVA dans un délai de trois mois), et enfin, des garde-fous ont été posés autour de ces marchés financiers fragiles, quand ils n’ont pas été fermés, ou délocalisés en Angleterre.
Ce qui ressort du livre, c’est l’incroyable impunité des grands escrocs, comme si au-delà d’un certain seuil de richesse, on devenait inaccessible à la justice. Il est possible de lui échapper physiquement en se planquant en Israël, ou continuer à vivre à Paris, défendus par une batterie d’avocats même pas marrons, car ces derniers savent exploiter avec leur connaissance pointue du droit le moindre interstice, à la manière du serpent Karpov, qui transformait un avantage invisible pour le profane en victoire fatale. Ainsi, des « très gros » sont toujours dehors. La question que l’on se pose : sont-ils vraiment intouchables, survivent-ils grâce à la chance, ou plus prosaïquement grâce à la corruption, à un haut niveau policier (déjà prouvé), et peut-être, politique (non-prouvé) ?
Comment acheter son impunité
Un animateur télé, disparu aujourd’hui, s’est rendu célèbre dans les années 90 en se sortant de tous les guêpiers (mœurs, stups) grâce à la puissance corruptrice de son argent, pourtant issu du contribuable, par le biais du service public. Au moins deux hommes politiques connus ont ainsi bénéficié de ses petits cadeaux sous forme d’embauche de proches ou d’amis. Une rétrocession vitale pour la survie du business. Des salaires réels (100 000 francs de l’époque) pour des prestations fictives, mais avec l’idée d’obtenir de l’information sur l’avancée d’une enquête en cours ou la possibilité de la freiner… Il est possible que les descentes de flics aient alors servi de moyen de pression, de « message ».
C’est la définition de base du fonctionnement politique mafieux : vendre de la protection… contre la police et la justice, ou les autres truands (sinon les mêmes truands, qui vous protègent contre eux-mêmes). Cette partie sale du monde politique constituant de fait une mafia dans l’État. Et on ne parle que de quelques-uns, qui savent changer en piécettes leurs attributions régaliennes… On n’élargira pas ici aux grands contrats militaires, qui drainent des milliards, aiguisent les appétits des partis, et laissent beaucoup de seconds couteaux ou d’innocents (Karachi) sur le carreau. L’arnaque à la taxe carbone, du fait de son énormité, a aussi sa part de morts violentes. Surtout à la périphérie. Des truands bien de chez nous, ayant secoué un peu trop durement nos rois de l’escroquerie carbonique, trop vite enrichis à leur goût, se sont retrouvés liquidés à leur tour par des professionnels à l’accent est-européen.
« Dans les prisons francaises le pourcentage de detenus juifs est infime par rapport aux restes de la population carcerale ! d’autres partie de la composante carcerale dont je ne citerai pas le nom est particulierement importante mais chut ... faut pas trop le dire c’est politiquement incorrecte ! » (Extrait du commentaire d’un lecteur de Jforum.fr, le 6 janvier 2012)
On savait déjà que l’État abattait son glaive répressif sans trembler de préférence sur les petits poissons (voleurs de scooters, dealers de shit, voire braqueurs autonomes) et regardait ailleurs quand passe la grosse poiscaille, mais ici, la démonstration est douloureuse. Le pêcheur veut bien sortir une carpe de l’eau, mais touche rarement au requin blanc, qui zone tranquille devant lui. Parfois, il y a même accord tacite ou pacte de non-agression entre le requin et le pêcheur… Résultat, comme le dit sans s’en rendre compte le lecteur de Jforum.fr, les prisons sont remplies d’Arabes avec très peu de juifs dedans.
La taule, c’est en général pour les petits, pas de place pour les gros truands. L’explication rationnelle réside dans la faiblesse (qui arrange bien du beau monde) des moyens alloués à la justice et à la police. Pour donner un ordre d’idées, les deux milliards (officiellement) évaporés dans la fraude à la taxe carbone représentent un quart du budget annuel de la justice française… elle-même en queue de peloton européen. Les truands néo-millionnaires ont désormais de quoi se défendre lourdement : ils sont chargés comme des croiseurs !
Le pire, c’est que beaucoup étaient déjà connus des services : il s’agit des protagonistes de Sentier II, l’énorme affaire de blanchiment qui a coûté plus d’un milliard aux banques il y a 15 ans. On ne se refait pas, ou plutôt si, on se refait. Du coup, ceux qui n’ont pas fui en Israël ont repris leur vie d’antan, avec un peu plus de gardes du corps (pour eux ou leurs enfants), entre shopping, pokers, et nouvelles martingales, comme celle des minutes téléphoniques. Non seulement ils ont les moyens de se protéger, mais en plus, de corrompre magistrats et policiers (un numéro 3 de la PJ a ainsi été rétrogradé, des scellés ont disparu). Pas tous, rassurez-vous, mais suffisamment et à un niveau suffisamment élevé pour connaître l’avancée des enquêtes et le contenu des informations à leur sujet. Ce sont d’ailleurs ces fiches sorties du STIC et des enquêtes sur de très gros poissons qui ont fait plonger le commissaire Neyret, pourtant roi de la prise d’exception.
De l’autre côté de la méditerranée, Aline Robert brosse le portrait de Cyril Astruc, alias le Maigrichon, tête absolue du réseau, sorte de The Brain, réfugié en Israël, et connecté aux poids lourds de la truande judéo-russe comme Tchernoy, l’ex-tsar de l’aluminium, et de la politique, en la personne d’Avigdor Liberman (qui prend sa dîme), le très décrié ministre des affaires étrangères… interdit de territoire un peu partout dans le monde du fait de ses prises de positions extrêmes. Le Maigrichon s’est fait gauler le 10 janvier 2014 à Roissy. Sa version française, un certain Sébastien, principal lien entre les fraudeurs et Neyret, végète lui en prison depuis 2012. La police lui attribue 50 millions d’euros sur le butin du braquage carbone. Les petits braqueurs de Franprix à Glock peuvent aller se rhabiller.
Si dans cette affaire il est important de comprendre pourquoi la justice, sous la direction du politique, est aussi lente ou aveugle, voire naïve (on reste polis), on ne s’attardera pas sur cette caricature de juifs tunes, experts en mensonge et en montages tordus, dépensant leur fric en bling bling, avant de filer quand ça commence à chauffer vers les cieux plus accueillants d’Israël, caricature qui ferait jubiler n’importe quel antisémite. Aspect anecdotique mais néanmoins réel du dossier, qui n’empêche pourtant pas la LICRA de menacer de poursuites tout journaliste qui associerait les termes « mafia » et « juif » dans une même phrase (voir page 210 du livre) ! C’était bien la peine de faire la part des choses avec humour et professionnalisme, pour ne pas associer toute une communauté honnête à l’amoralité d’une minorité ! En interdisant cet amalgame, la LICRA non seulement entretient le fantasme sur la base du « c’est interdit donc c’est vrai », mais montre le peu de confiance qu’elle porte au jugement de nos concitoyens, quelle que soit leur confession.
- Cette opération datant de début novembre 2013 prouve qu’une collaboration entre Israël et la France est possible (mais l’argent n’est pas revenu)
Voir aussi, sur E&R :